Avant d’arriver au croisement, votre voiture communique directement avec le feu rouge et vous indique comment adapter votre vitesse pour vous arrêter le moins longtemps possible. Science-fiction ? Plus vraiment. Les objets connectés capables de communiquer entre eux font désormais partie de notre quotidien. Bienvenue dans l’ère de L’Internet of Things (IoT).
Le Web 3.0 en marche
Selon une récente enquête du géant des télécoms Ericsson, on dénombre en 2022 pas moins de 29 milliards d’objets connectés, dont 18 milliards directement liés à l’Internet of Things (IoT) ou Internet des Objets. En l’espace de quelques années, cette technologie est devenue quasiment incontournable, aussi bien dans notre vie quotidienne que dans les différents secteurs de l’économie. Le compteur électrique intelligent, le thermostat contrôlable à distance, l’arrosage automatique capable de détecter quand le jardin a besoin d’eau, le lit de bébé équipé de capteurs qui surveille le bon sommeil des nourrissons, l’assistant vocal qui devine nos musiques préférée ou l’app qui nous permet de retrouver nos clés de voiture égarées… autant d’exemples de ces objets connectés au réseau qui sont en train de transformer radicalement notre vie quotidienne.
Le principe de l’IoT est simple : les informations recueillies par les objets (la température, l’heure et la fréquence auxquelles ils sont utilisés, les données environnementales, etc.), sont regroupées sous forme de data anonyme et peuvent être utilisées pour différentes tâches ou pour différentes analyses. Les frontières entre le monde digital et le monde physique s’effacent dans ce qu’il est convenu d’appeler le Web 3.0, aux applications de plus en plus nombreuses. Audi est très actif dans ce domaine et travaille dès aujourd’hui sur plusieurs projets qui modifieront en profondeur nos façons de conduire en fluidifiant le trafic et en améliorant notre sécurité au volant grâce à l’IoT.
La Belgique montre l’exemple
Les villes et les institutions portent elles aussi un intérêt grandissant aux possibilités de l’IoT et à ses connexions avec d’autres technologies. Les ‘Smart Cities’, des villes intelligentes reliant leurs infrastructures à Internet, afin par exemple de modéliser les flux de circulation ou de rendre plus efficaces les services d’urgences, se développent un peu partout dans le monde. La Belgique est à la pointe de cette réflexion à Anvers, dont le port a mis en place depuis un an un projet unique au monde : Apica, acronyme de ‘Antwerp Port Information & Control Assistant’. « Il s’agit d’une représentation digitale du Port, ce qu’on appelle un ‘digital twin’, que l’on pourrait comparer aux maquettes d’autrefois, mais avec beaucoup plus de fonctionnalité et surtout avec un véritable cerveau numérique capable de comprendre et d’analyser en temps réel toutes les informations recueillies sur le terrain », explique Danny Van Dessel, Manager Digital & Analytics.
« Nous disposons de différents capteurs disséminés dans tout le port qui enregistrent en temps réel une foule de données, ils agissent comme les cinq sens d’Apica. Les caméras et les drones sont sa vue, les communications entre les navires et le port sont son ouïe, les appareils connectés sont son toucher, les senseurs environnementaux agissent comme une forme de goût et notre technologie capable de détecter les différents types de gaz présents dans l’air est son odorat. »
Une technologie au service de la durabilité
Portée par des algorithmes constamment ‘éduqués’, l’intelligence artificielle d’Apica est capable d’apprendre, de comprendre et d’identifier ce qu’elle considère comme des anomalies, puis de les signaler. « Apica va par exemple pouvoir détecter le ton d’une conversation entre le port et un navire et isoler d’éventuels niveaux de stress dans les voix ou des mots-clés qui pourraient indiquer une situation de crise. Ou bien repérer une émanation de gaz trop élevée dans une zone, ou encore suivre le trajet d’un navire et constater des incohérences dans sa navigation. Elle envoie ces alertes à un contrôleur qui juge à son tour de la pertinence de l’analyse. Au bout du compte, c’est toujours l’humain qui tranche. La technologie est uniquement un support, un outil. Mais elle permet de couvrir un spectre plus large et surtout de réagir beaucoup plus rapidement. »
Apica est aussi une modélisation à plusieurs niveaux où l’on peut choisir d’afficher en 2D ou 3D le port dans tous ses détails, ainsi que la position de chaque navire, et d’y ajouter des filtres d’information. On peut ainsi naviguer en réalité virtuelle sur un dock, à distance, ou parcourir la carte en repérant les navires et toutes leurs données : provenance, tirant d’eau, direction, situation, historique... On peut également suivre un des six drones autonomes, capables de reconnaître une flaque d’hydrocarbure à la surface de l’eau ou de pointer une zone de déchets flottant. « Notre objectif est avant tout la durabilité et le respect de l’environnement. En rationalisant les mouvements dans le port, en anticipant les heures d’arrivée des navires, en repérant les infractions et en détectant très tôt les risques de pollution, nous préservons le milieu naturel du port et nous démontrons la pertinence d’un transport maritime responsable et conscient des enjeux climatiques ».