Alliance du métal et de la lumière, les luminaires haut de gamme de Vladimir Slavov – âme pensante de Dim Atelier – sont plébiscités par les plus grands. The Jane, Mirazur, Dries Van Noten… ils ont tous été séduits par ces œuvres uniques mêlant finesse et puissance. Découverte d’un artiste lumineux.
Le goût des lux
Mirazur, à Menton, restaurant trois étoiles du chef Mauro Calogreco. Au-dessus de la table sans pieds – qui semble flotter dans l’air, uniquement fixée à un poteau – imaginée par le designer portugais Mircea Anghel, 12 spots enchâssés dans une structure en bronze illuminent exactement les douze assiettes de la chef’s table. Comme autant de petits projecteurs sur la scène d’un théâtre culinaire.
1 200 kilomètres plus au nord, autre haut lieu de la gastronomie internationale, The Jane, dans le Groen Kwartier d’Anvers. Un essaim de formes oblongues, véritables vaisseaux de métal futuristes, lévite à la verticale de la cuisine du chef doublement étoilé Nick Bril, défiant l’apesanteur et les clés de voûte de l’ancienne chapelle reconvertie.
Le point commun entre ces deux créations, respectivement baptisées The Beam et The Sharks ? Dim Atelier, ou plus précisément son fondateur, le designer Vladimir Slavov, qui réinvente les liens entre lumière et métal et dont les œuvres sont également visibles au restaurant Nuance, chez Dries Van Noten, à la brasserie De Coninck…
Des planches à la fonderie
D’origine bulgare, Vladimir Slavov est né à Sofia à l’aube des années 80. Après avoir suivi des études de scénographie, il a collaboré avec plusieurs compagnies théâtrales. Sa fascination pour les éclairages de scène l’a rapidement amené à explorer le potentiel de la lumière comme construction de l’espace mais aussi de l’objet lui-même, le luminaire ou le projecteur, comme vecteur d’émotions « Une lampe n’est pas qu’une source lumineuse alimentée par un courant électrique. Quand son éclairage se met à influer sur notre état d’esprit ou sur nos pensées, elle devient alors une forme d’art ».
En 2009, Vladimir Slavov s’installe en Belgique, à Anvers, et se tourne définitivement vers la conception et la création de luminaires. Dix ans plus tard, il rejoint la ruche artistico-artisanale de Lionel Jadot, Zaventem Atelier, où il développe de nouvelles techniques tout en restant fidèle à sa philosophie de départ, faite de minimalisme et de pureté des lignes. Entre-temps, à l’occasion de la Collectible Fair de Bruxelles, ses designs attirent l’attention de Nick Bril et il débute une collaboration avec The Jane qui lui vaudra une reconnaissance internationale.
Beauté technologique
S’il travaillait à l’origine avec des matériaux de récupération, Vladimir Slavov s’est progressivement tourné vers des matières nobles comme le bronze et surtout le laiton. « Je n’étais pas vraiment fan de ce métal, mais en faisant des essais de polissage, j’ai obtenu un éclat que je n’avais jamais vu auparavant et qui m’a conquis. Désormais, 90 % de mes lampes sont en laiton. Malheureusement, l’alliage de cuivre et de zinc qui le constitue libère des substances toxiques durant le processus de fabrication, ce qui nous oblige avec mon équipe à porter des tenues de protection étanches avant d’effectuer certaines opérations ».
Bien que l’aspect technique du travail du métal ne soit jamais rendu visible dans les créations de Dim Atelier, il nécessite de longues phases de réflexion et de perfectionnement. Les points de soudure, la résistance des alliages ou les degrés de polissage sont autant de variables qui doivent d’abord être abordés d’un point de vue purement technologique avant de s’effacer devant la vision esthétique. Un parallèle évident avec le design automobile, où le métal et l’éclairage sont des éléments fondamentaux dans tous les véhicules, et avec l’approche d’Audi qui s’appuie tout autant sur la maîtrise technologique pour parvenir à une épure stylistique.
En pleine lumière
« Quand je suis satisfait d’un design, je le retravaille souvent sous d’autres formes ou dans d’autres fonctions. Un lampe de bureau et un lustre peuvent ainsi être basés sur un concept identique, mais avec un traitement différent. Je ne pense pas avoir un style ou une signature spécifiques qui rendraient mes créations immédiatement reconnaissables. Le minimalisme, le perfectionnisme dans les finitions et le traitement final des matériaux sont sans doute ce qui fait réellement la marque de fabrique de Dim Atelier ».
Dont acte. Malgré sa passion pour le métal – déclinée récemment dans une suspension de près de quatre mètres intitulée Labia – l’anversois d’adoption n’hésite pas à changer de cap et à expérimenter dans toutes les directions afin de satisfaire sa soif de défis techniques. Il a ainsi conçu pour la brasserie anversoise De Koninck un lustre fabriqué avec 116 verres à bière, collés deux par deux pour former des globes et reliés les uns aux autres par un réseau de cordes. Fragile et fort à la fois, comme toute l’œuvre de Dim Atelier.