Marc Lichte, responsable Design AUDI AG, est un navigateur passionné et a remporté trois fois la Semaine de Kiel dans sa catégorie. Quels points communs voit-il entre les bateaux et les véhicules ?
Important pour les véhicules comme pour les bateaux : l'écoulement d'air doit être défini à l'arrière. Marc Lichte observe des simulations d'écoulement d'air sur le Powerwall numérique dans un studio du département de design d'Audi.
Important pour les véhicules comme pour les bateaux : l'écoulement d'air doit être défini à l'arrière. Marc Lichte observe des simulations d'écoulement d'air sur le Powerwall numérique dans un studio du département de design d'Audi.
Il est amateur de voile depuis l'enfance et est désormais un concepteur de véhicules passionné qui définit depuis bientôt dix ans l'esthétique d'Audi. Le monde de cet homme tourne autour des formes. Des formes sur lesquelles il se déplace et des formes qu'il crée. Des formes de bateaux qui naviguent élégamment sur l'eau et des formes de véhicules qui fendent efficacement le vent. On se pose donc la question : Marc Lichte consacre-t-il sa vie à la beauté ou à l'écoulement d'air ? « Il n'y a pas de choix possible. Ce n'est que lorsque les deux se réunissent parfaitement que je suis satisfait. À mes yeux, la navigation est toujours une question de performance. Je navigue exclusivement sur des navires rapides, des navires très rapides. Mais ceux-ci doivent toujours être extrêmement esthétiques, sans exception. Cela vaut également pour Audi : l'une des valeurs fondamentales d'Audi est la performance. Et, bien sûr, une esthétique maximale. »
Une brève rencontre avec Marc Lichte dans un studio de design Audi à Ingolstadt en prévision de la Semaine de Kiel, l'un des plus grands événements de sports nautiques au monde. Pendant de nombreuses années, le port d'attache de Marc Lichte se trouvait dans le fjord de Kiel. Cette année, il naviguera lors de la Semaine de Kiel sur son nouveau bateau, un voilier hauturier de dix mètres de long. Plus tard, Marc Lichte a rendez-vous avec Moni Islam, responsable du développement aérodynamique/aéroacoustique chez Audi (voir film). Mais nous avons encore le temps de parler du design de bateaux et du design de véhicules, de l'efficacité, de l'écoulement d'air, de l'aérodynamique, et aussi de la perfection. Car c'est ce qui anime Marc Lichte : se rapprocher le plus possible de la perfection. « La performance associée à une esthétique maximale », reprend Marc Lichte. « Et performance signifie aussi optimisation jusque dans les moindres détails », souligne-t-il avec insistance pour ne laisser aucun doute : pas de compromis, pas un millimètre. Une exigence maximale. Pour soi. Pour la beauté. Pour les performances. Pour tout ce qu'il crée, ce qui l'entoure.
Sentir le vent pour faire avancer le bateau rapidement : Marc Lichte est un passionné de navigation.
Un décrochage prononcé à l'arrière du bateau réduit les turbulences et améliore ainsi les performances.
Sentir le vent pour faire avancer le bateau rapidement : Marc Lichte est un passionné de navigation.
Un décrochage prononcé à l'arrière du bateau réduit les turbulences et améliore ainsi les performances.
Marc Lichte
Des performances esthétiques. Exemple bateau : à l'âge de huit ans, Marc Lichte optimisait déjà le monotype de club qui lui avait été attribué en enduisant les arêtes de la poupe et en les peignant selon ses goûts. C'est ce qu'il a fait pour chaque bateau sur lequel il a navigué par la suite : « J'optimise chaque bateau jusque dans les moindres détails. Sans exception. » Aucun compromis, pas un millimètre : il a même fait fabriquer le mât de drapeau en carbone pour l'optimiser sur le plan aérodynamique. Ce dernier est normalement fabriqué en plastique renforcé de fibres de verre, en aluminium ou en acier inoxydable, et est plutôt sans importance à l'arrière du nouveau bateau. Pour des raisons de performance, « je trime l'ensemble du bateau pour qu'il soit léger ». Et pour la beauté, « le bateau lui-même est blanc, mais je garde toutes les superstructures noires. Vraiment toutes ! » Pour Marc Lichte, aucun détail n'est assez insignifiant pour qu'il ne s'y consacre pas pleinement.
Marc Lichte esquisse la silhouette d'un véhicule dans le salon de son yacht.
Le décrochage à l'arrière de l'Audi Q8 Sportback e-tron en simulation numérique.
Marc Lichte esquisse la silhouette d'un véhicule dans le salon de son yacht.
Le décrochage à l'arrière de l'Audi Q8 Sportback e-tron en simulation numérique.
Des performances esthétiques. Exemple véhicule : les aérodynamiciens d'Audi ont développé l'idée des rideaux d'air à l'avant latéral du véhicule, des prises d'air qui dirigent l'air de l'avant de manière ciblée vers le passage de roue et optimisent l'écoulement d'air. Marc Lichte : « Cette soufflerie est un détail aérodynamique ingénieux. Nous l'avons intégrée de manière ciblée dans la conception formelle de tous nos véhicules électriques. C'est une caractéristique essentielle qui indique que la voiture est efficace. »
Les designers Audi passent en soufflerie avec différents modèles de proportions à un stade très précoce du développement d'un nouveau véhicule et décident de développer la conception de la série qui présente le meilleur coefficient de traînée lors de ces tests. C'est ce qu'on appelle en interne l'aerostaetics : l'esthétique qui se développe à partir de la soufflerie.
Marc Lichte optimise chaque bateau jusque dans les moindres détails. Les voiles en carbone n'augmentent pas seulement les performances, elles répondent aussi à l'exigence de Marc Lichte pour une esthétique maximale.
Marc Lichte optimise chaque bateau jusque dans les moindres détails. Les voiles en carbone n'augmentent pas seulement les performances, elles répondent aussi à l'exigence de Marc Lichte pour une esthétique maximale.
Le navigateur Marc Lichte fait remarquer que les formes des bateaux sont bien sûr aussi optimisées pour obtenir les meilleures propriétés d'écoulement d'air possibles : « Ce que la soufflerie est au développement automobile, le bassin d'essai l'est au développement de bateaux performants ». Et le designer continue d'énumérer les points communs entre un bon design de bateau et un bon design de véhicule : « La base d'un bon design, ce sont les proportions. C'est le cas pour un navire comme pour une voiture. »
La forme idéale de bateau selon Marc Lichte : plus la coque est plate, plus elle est esthétique, extrêmement fine, avec peu de volume à l'avant, puis un renfoncement après la partie la plus large et un décrochement défini et marqué à l'arrière du bateau. « Dans l'ensemble, l'harmonie est totale » et il ajoute : « Ce n'est pas si différent sur les véhicules : une voiture basse est plus efficace, plus aérodynamique. Les lignes dotées d'un renfoncement créent une belle forme. Et le souffle du vent doit rester le plus longtemps possible sur le côté et le toit, pour finalement se briser de manière définie au maximum ». La longueur compte, cela vaut pour la forme du bateau comme pour celle du véhicule.
Et avant que Marc Lichte ne parte pour son rendez-vous avec le spécialiste de l'aérodynamique, une dernière question à ce sujet : comment lier efficacité et beauté ? « Ma philosophie est la suivante : lorsque la forme et la fonction – et une bonne aérodynamique fait partie de la fonction – sont en parfaite harmonie, il s'agit d'un bon design. La forme suit la fonction. C'est ce qui nous motive tous ici chez Audi. »