Mesurer les vibrations pour contrôler la circulation
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Mesurer les vibrations pour contrôler la circulation
​​​Fibre optique : la solution surprise pour mieux rouler en ville

​​​Fibre optique : la solution surprise pour mieux rouler en ville

Longtemps cantonnée au domaine scientifique pointu de la surveillance des tremblements de terre, une technologie basée sur les ondes sonores est en train de faire évoluer notre vision du trafic urbain. La fin des files est-elle pour demain ?

27.11.2024 Temps de lecture: 4 min

Le temps (perdu) des encombrements

Les flux de circulation sont des phénomènes complexes, à la fois à analyser autant qu’à prévoir. C’est pourtant en saisissant leur dynamique que l’on pourra faire évoluer la mobilité et aider à la décongestion des grands centres urbains. On le sait, la Belgique fait partie des pays les plus touchés au monde par les encombrements. Selon une étude réalisée par la société de logiciels de navigation Tom Tom, Bruxelles est dans le top 5 des villes où le temps de trajet en automobile est le plus élevé en Europe. Avec 27 minutes pour 10 kilomètres, la capitale se place derrière Londres (37 minutes), Dublin (29 minutes) Milan (28 minutes) et Bucarest (27 minutes et 40 secondes). Au total, chaque année, les navetteurs passent 236 heures dans les encombrements. D’après les calculs de l’entreprise d’analyse du trafic Inrix, à l’échelle européenne, le coût de la congestion du trafic s’élève chaque année à 120 milliards d’euros.


À l’écoute de la route

À l’écoute de la route

S’il n’existe pas de solution miracle à ce problème qui touche tous les centres urbains du globe, l’évolution des technologies offre néanmoins des perspectives optimistes, notamment grâce à un procédé appelé mesure acoustique distribuée (ou DAS pour Distributed Acoustic Sensing.) Le principe consiste à utiliser les câbles à fibres optiques afin de détecter les variations acoustiques dans le sol, à la façon d’un sismographe mais de façon continue, sur tout le réseau urbain. Au fil des centaines de kilomètres de câbles, les vibrations du trafic sont ainsi recueillies en temps réel puis transmises à une centrale de calcul. La masse de données doit en effet être traitées selon des algorithmes complexes qui permettent pour finir d’établir une image précise de la situation de circulation à chaque instant de la journée.


Tout changer sans rien changer

Tout changer sans rien changer

Il existe bien sûr d’autre modes de suivi du trafic routier, notamment la surveillance par caméra ou le pistage des téléphones mobiles. La première option nécessite un entretien souvent coûteux, auquel s’ajoute le traitement particulièrement lourd des images vidéo. La seconde option, qui consiste à capter les signaux téléphoniques des conducteurs et à en suivre les mouvements, soulève d’épineuses questions de protection de la vie privée. Elle s’appuie de plus des données également détenues des entreprises tierces. Développée à l’origine pour détecter les tremblements de terre et les tsunamis, la technologie DAS peut compléter ou se substituer à ces modes de suivi, de façon sécurisée et anonyme. Un de ses avantages principaux est qu’elle ne nécessite pas de construire une infrastructure spécifique puisqu’elle s’adapte directement au réseau de câbles à fibre optique existant, en se servant des fibres non utilisées à la fois comme capteurs et comme moyens de transmission des informations.


Rêver d’un monde fluide

Rêver d’un monde fluide

Afin de traduire les compressions acoustiques enregistrées en faits tangibles, il faut passer par des intelligences artificielles capables de décoder ces signaux et de les faire correspondre à des types de véhicules. Les modèles de machine learning les plus avancés dans ce domaine sont aujourd’hui fiables à 98%. Cela signifie qu’en captant, sous la chaussée, uniquement les vibrations de la route, le système DAS peut déduire le nombre de voitures ou de camions, leur vitesse et leur trajet. Les applications sont nombreuses, du repérage immédiat des accidents – ce qui augmente la réactivité des secours – à la planification des travaux ou des événements. Mais c’est avant tout en améliorant la compréhension des mécanismes de circulation spécifiques à chaque ville que le DAS nous ouvre les portes d’un avenir plus fluide, et nous permet de rêver un jour à des routes sans files…