​​​Sur les routes d’Alsace

Après avoir traversé la Lorraine, ce sont les sommets des Vosges qui se dessinent. Des forêts de conifères et des lignes de crêtes aux allures de grand ouest américain, paysages en cinémascope dont on émerge au fil de routes désertes pour plonger vers le Rhin, et entrer en Alsace de la meilleure des façons, par l’ouest. À tout juste un peu plus de 300 kilomètres de la frontière belge, Kaysersberg vaut à lui seul les quelques heures de trajets. Le village médiéval aux ruelles fleuries est un parfait point de chute pour explorer les environs, arpenter la route des vins et parcourir les mille et un détours des petites routes du Haut-Rhin. Son marché de Noël est un des plus authentiques et les plus réjouissants de la région, mais les couleurs du printemps et de l’automne lui vont également à ravir. Depuis ce point central, on pourra se rendre facilement à Riquewihr, Eguisheim, Hunawihr ou Bergheim – les plus beaux villages d’Alsace – et rejoindre en quelques minutes Colmar.

La préfecture du Haut-Rhin a beau être plus petite que Strasbourg ou même Mulhouse, elle reste un passage obligé. Les canaux de la petite Venise et l’ultra photogénique pont sur la Lauch n’ont pas besoin de présentation, pas plus que les façades avec leurs oriels typiques, ces avancées qui permettaient de capter plus de lumière dans les pièces. Dans les rues de la vieille ville, on flâne en toute saison comme transporté dans un conte de fée, mais toujours porté par l’authenticité et les échos de l’Histoire. Au musée Unterlinden, installé dans un ancien couvent du 13ème siècle, le retable d’Issenheim en est un des témoins les plus parlants. Le chef d’œuvre gothique récemment restauré éclaire toutes les collections et touchera même les âmes les plus rétives. En sortant, récompense immédiate chez Gilg, la pâtisserie phare de Colmar où depuis trois générations on concocte tartes et gâteaux sous le signe de la générosité et de la gourmandise sans retenue.

À la frontière avec le Bas-Rhin, le château du Haut Koenigsbourg est un des sites les plus visités de l’hexagone. Une popularité méritée tant l’édifice logé au sommet d’un aplomb rocheux impressionne par sa majesté. La vue imprenable sur la vallée du Rhin offre l’occasion d’embrasser du regard le trajet idéal qui mènera depuis Saint-Hyppolite, au pied du château, vers Bergheim puis Riquewihr. Deux villages élus parmi les plus beaux de France et dont les maisons à colombage sont l’incarnation la plus pure de la culture alsacienne. Pour faire une pause entre toutes ces merveilles aux charmes surannées, il suffit de mettre le cap encore plus au sud vers Mulhouse – à moins d’une heure de route – pour aller rendre visite au Musée National de l’Automobile. La fameuse collection Schlumpf y compte plus de 500 véhicules, dont le plus grand ensemble au monde de voitures datant d’avant 1910. Un voyage dans le temps passionnant qui permet de saisir toute l’ampleur des progrès réalisés dans le domaine automobile en l’espace d’un peu plus d’un siècle.

Retour à Kaysersberg, qui compte deux attractions gastronomiques majeures, à ne surtout pas manquer. La première est aux mains d’un des plus grands chefs de France, le double étoilé Olivier Nasti. Dans son luxueux Chambard, il propose une cuisine d’une délicatesse et d’une maîtrise sans reproches. Puisant dans le cœur du terroir alsacien, il sublime les produits de la forêt comme nul autre. Les chambres de l’hôtel sont à l’aune de cette exigence, dans un délicieux écrin de luxe et de volupté. Mitoyen, la Winstub du chef rend hommage aux plats alsaciens les plus populaires, toujours sur la même partition d’excellence, à des tarifs très doux. L’autre figure culinaire de Kaysersberg est également un explorateur passionné des sous-bois et des sentiers forestiers. À Alchémille, l’incomparable Jérôme Jaegle nous entraine dans une promenade onirique et gustative, au fil des herbes sauvages et des produits du terroir. Une étoile au Michelin plus que mérité et une rencontre intense qui ne laissera personne indifférent.